Le site de Marie Bourassa

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Une histoire d'écriture…

ou l'histoire d'une histoire

Tout a commencé en 1992. Louis, le personnage principal de la trilogie, est venu à moi comme ça, soudainement, alors que j'étais au travail. Il est surgi de nulle part, a affleuré à ma conscience et je l'ai vu, presque aussi clairement qu'un visage connu. Il était là, effrayant, tourmenté, déjà complet. Je me suis dit : "wow, quel personnage de roman il ferait!"

 

Pendant quelques années, j'ai rempli des pages en vain : il se défilait toujours en abandonnant derrière lui des vestiges couverts de ratures.

  

Même si j'ai toujours eu un faible pour l'Histoire (et les histoires), mon intérêt spécifique pour le Moyen Âge ne s'est manifesté qu'en 1999, grâce à une amie et collègue - celle à qui j'ai dédié le premier tome de mon oeuvre - qui a, sans le savoir, été responsable du déclenchement de la grande aventure de Louis. Cela s'est produit de façon tout à fait anodine par le biais d'un CD de musique médiévale qu'elle souhaitait me faire entendre au boulot. Je suis tombée sous le charme dès les premiers instants de la première œuvre intitulée Dinaresade.

 

http://www.naxos.com/catalogue/item.asp?item_code=8.553132

  

Un grand merci à ma Muse exubérante…

 

 

Paule Tardif, 4 février 1951 - 3 décembre 2006

 

Grande amoureuse des mots et qui s'en délecte à loisir…

 

… qui détient la rare magie d'embellir quantité de petits riens que, sans elle, je n'aurais sans doute pas remarqués - depuis des dépliants publicitaires puisés dans le bac de recyclage jusqu'aux plus infimes détails de la vie...

 

… qui se fabrique une jupe à partir d'un parapluie récupéré et parvient à m'inoculer d'improbables envies de coquetterie. 

 

…qui, bien avant de s'en aller, me manquait déjà.

 

Une étude fondamentale des passages-clés de l'époque médiévale m'a fait redécouvrir le haut Moyen Âge - invasions barbares et christianisation; ensuite, le Moyen Âge classique - féodaux, amour courtois, croisades, chevalerie; et enfin le bas Moyen Âge, plus précisément le XIVe siècle, dont je ne savais à peu près rien. De plus, étant donné que dès 1992 - et j'ignore pourquoi - mon personnage était français, j'ai cantonné mes explorations à ce pays. 

 

Dès le départ, j'ai souhaité quelque chose de différent, d'inusité. Il y avait déjà suffisamment d'histoires mettant en vedette des nobles, des chevaliers ou même des artisans renommés. Or, voilà qu'un jour, je suis tombée sur un jeu de rôle médiéval libre (sans dés) et très adapté sur mirc. Il y avait de tout là-dedans, des servantes d'auberge aux guerriers barbares, mais ce qui a surtout retenu mon attention, c'était... un assassin. Ce personnage stéréotypé m'a donné une idée : quel autre individu redoutable, obscur, accablé et plus craint encore qu'un assassin, mais plus réaliste et plausible, pouvait bien exister au Moyen Âge? Ainsi Louis est-il devenu bourreau.

 

Une première ébauche des trois tomes a commencé à prendre forme jusqu'à la fin 2001, date à laquelle je suis parvenue à la terminer. Certains personnages que j'avais jadis tristement relégués au fond d'un tiroir, prisonniers du précédent projet avorté, se sont greffés à ce nouveau travail. C'était comme s'ils n'avaient attendu que cela pour renaître.

Les cinq années suivantes ont été dévolues à des recherches plus poussées et à l'acquisition de lectures plus spécialisées; j'ai retravaillé, étoffé mon texte tout en en y adjoignant des extraits d'écrits antérieurs et la première version complète du manuscrit a été terminée au printemps 2006.

 

Cela peut paraître long à première vue, mais il me faut avouer que j'ai trouvé ces années de travail tout à fait passionnantes. Elles m'ont donné l'impression de mener deux existences en parallèle; dès que j'en avais l'occasion, je me retirais dans un coin pour me faufiler dans un véritable film en trois dimensions qui était autoproduit sans l'être, tellement les idées se bousculaient parfois. J'ai suivi mes personnages dans leur cheminement, j'ai vécu avec eux ce XIVe siècle qui n'est pas si éloigné du nôtre, j'ai pleuré leurs larmes, ri de leurs plaisanteries et boulé avec eux dans la neige.

 

Il est certain que pour traiter ce sujet avec un tant soit peu de réalisme, il m'a fallu (à reculons le plus souvent) me documenter sur les pratiques d'exécutions et de tortures qui avaient cours. Et tout de suite, j'ai eu à affronter un obstacle de taille: la plupart des ouvrages sur les bourreaux, déjà rares en français, ne s’attardaient que très peu sur l'époque médiévale, comme si cette période avait été occultée par les horreurs de la Révolution française. Par contre, les sources documentaires spécialisées relatives à cette époque étaient un peu plus nombreuses du côté anglais. Il faut dire aussi qu'il subsiste peu de documentation contemporaine à propos des bourreaux du Moyen Âge, ceux qui furent les premiers à exercer ce terrible office de façon permanente. Qui étaient-ils, ces parias, ces êtres honnis entre tous? D’où venaient-ils? Comment en vinrent-ils à pratiquer ce métier?

 

Que l’on soit pour l’abolition ou le maintien de la peine capitale, les interrogations qu’elle soulève ne laisse personne insensible. La lecture de cette série contribuera sans doute à stimuler l’intérêt du grand public pour un aspect plus précis de la peine de mort qui est, encore de nos jours, tabou : c’est-à-dire celui par qui elle est donnée.

 

Toutefois, Le maître des peines n'est pas un conte stéréotypé, noir, sadique et fataliste produit dans le but de rentabiliser la satisfaction d’une quelconque curiosité morbide; ce genre de textes existe déjà en suffisance. Même si le personnage de Louis ainsi que son cheminement n’en fait pas forcément un bourreau typique, le lecteur est invité dans le premier tome à pousser plus avant sa réflexion à ce sujet en sa compagnie pour atteindre ce qu’il y a de plus élémentaire en l’être humain, ce qui guide sa vie dès la prime enfance. Cela nous mène inévitablement aux motivations véritables de l’homme et à éprouver l'éternelle lutte de la conscience entre le bien et le mal. 

 

 

 

Avec l'aimable autorisation de :

(c) Éditions JCL, 2008

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